Imen Helali est diplômée en Architecture en 2005 de l'École Nationale d’Architecture et d’Urbanisme de Tunisie. Elle a obtenu un Master de Recherche en Architecture en 2012. Actuellement, elle est inscrite dans une thèse en Architecture en cotutelle entre l’ENAU Tunisie et l'ULiège. Elle a aussi une expérience riche en tant qu'architecte. Imen HELALI a profité d'une bourse Erasmus+ en 2019-2020. Sa thèse en co-tutelle avec l'Université de Carthage est intitulée "La limite : Cadre de l'énoncé architectural. Étude(s) sémiotique(s) des pratiques quotidiennes dans la médina de Qairouan en Tunisie." Ses promotrices sont Maria Giulia Dondero, FNRS ULiège et Leïla Ammar, ENAU. 

imageLarge

Pouvez-vous nous retracer votre parcours académique ? Formation, séjours à l’étranger… 

Je suis diplômée en 2005 de l'École Nationale d’Architecture et d’Urbanisme de Tunisie.

Je témoigne d’un long parcours mixte comprenant : “recherche-enseignement-exercice”; cela m’a permis de construire une expérience solide dans les différents domaines de l’architecture.

J'ai été attirée par un séjour scientifique en Belgique, pays renommé dans le domaine de la sémiotique. J’ai établi des contacts avec des personnes de référence dans la matière. Elles ont répondu positivement à ma requête. (Je tiens à remercier Pr. Jean-Marie Klinkenberg)

Mon premier séjour de recherche date de 2018 : il a eu lieu au Centre de Sémiotique et Rhétorique (CESRH) / U.R « Traverses ». U.Liège; sous la direction du Dr. Maria Giulia Dondero. Il s’est déroulé grâce à l’obtention d’une bourse d’alternance de l’Université de Carthage (UCAR) pour une durée de 3 mois.

Mon séjour en cours se clôturera à la fin septembre, dans le même centre de recherche ; il s’agit d’une convention Erasmus en Philosophie et Lettres suite à l’octroi d’une bourse Erasmus+ par l’Université de Liège pour une durée de 12 mois. Ce stage s’est déroulé en parallèle à un autre stage (octroi d’une bourse d’alternance de l’UCAR pour 5 mois).

Une nouvelle bourse d’alternance m'a aussi été accordée par l’UCAR pour une durée de 6 mois.

Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans une thèse de doctorat ? A quel moment de votre vie ?

La théorie de l’architecture a toujours suscité mon intérêt; dès ma diplômation, je me suis inscrite, après mon admission suite à un concours, dans un Master de recherche en architecture (Option: “Sciences des lieux”). Ensuite, je me suis inscrite avec l’unité de recherche Sémiotique des Espaces Architecturés (SEA), au sein de laquelle j’ai obtenu mon Master en 2012 (mention: très bien).

Ensuite, je me suis inscrite en thèse, suite à la réussite au concours d’admission au doctorat en sciences de l’Architecture (session 2017).

Ma recherche se déroule en co-tutelle entre l’École Nationale d’Architecture et d’Urbanisme de Tunis (ENAU), et l’Université de Liège depuis l’année académique 2019-2020. Cela qui renforce les opportunités d’échange et de mobilité entre les deux institutions, aussi que bien les apports scientifiques pour les unités de recherche.

Quelle est votre thème de recherche ? Pouvez-vous nous expliquer le sujet de votre thèse ? En quoi ce thème est-il porteur pour l’architecture de demain ? 

La recherche scrute le thème des limites, élémentaire par lequel on délimite et on définit  l’espace; ainsi elles créent des lieux et les répartissent selon des oppositions, des catégorisations et des hiérarchies. Les limites se présentent aux niveaux des différentes échelles de configurations spatiales, de l’urbain à l’habitat, à travers les pratiques quotidiennes des habitants/usagers de l’espace, fer de lance de cette thèse.

 Intitulée “La limite : Cadre de l'énoncé architectural. Étude(s) sémiotique(s) des pratiques quotidiennes dans la médina de Qairouan en Tunisie”, la recherche vise dans un premier lieu  à la transposition du terme linguistique de la théorie de l’énonciation, fondé par E. Benveniste, à  l’architecture. De ce fait, on reprend les paramètres de l’intersubjectivité inscrite dans l’espace ainsi que les marqueurs et simulacres spatio-temporels. D’ailleurs, plusieurs architectes théoriciens tels que Manar Hammad, Pierre Boudon et le feu Alain Rénier (un des pionniers de l’École doctorale en architecture à l’ENAU) ont utilisé la sémiotique dans leurs travaux de recherche. Ensuite, la recherche adapte la méthode des pratiques sémiotiques par ce qu’elle représente comme dépassement de l’analyse de l’énoncé clôturé et de la théorie greimassienne des années 1980 et 1990. De ce fait, on reprend les paramètres de l’intersubjectivité inscrite dans l’espace ainsi que les marqueurs spatio-temporels. La linguistique interactionniste analyse le discours des parcourants, ainsi que leurs interactions et gestures. 

Une fois le sujet et le positionnement théorique définis comme susmentionné, la recherche postule les questionnements suivants: Qu'est-ce que la limite selon son appréhension phénoménologique ? Qu'est-ce que l’énoncé architectural? Quels écarts et/ou superpositions instaurent les limites entre l’énonciation spatiale et les pratiques? 

L’hypothèse principale du travail considère d’abord l’espace comme un « énoncé architectural » où les pratiques y sont ensuite incarnées par les codes sociaux et par les interactions des usagers dans leur espace”énoncé”.

Ainsi, en tenant compte de l’environnement pluridisciplinaire dans lequel la recherche évolue, on place l’espace/lieu dans le fief de la sémiotique des pratiques et on en tire profit à l’architecture en initiant l’espace comme énoncé spatial et tridimensionnel. 

Concrètement, quelles sont les grandes étapes de votre doctorat ? Comment allez-vous répondre à votre question de départ ?

Le thèse est structurée en 4 étapes majeures: 

  • Etat de l’art et positionnement de l’étude
  • Travail de terrain 
  • Protocole d’analyse : il s’agit de méthodes d’analyse associées, elles relèvent de :

1- La Sémiotique: il s'agit d'une méthodologie interdisciplinaire, bien ancrée dans les sciences du langage, ayant pour objectif la recherche des effets de sens produits par toute manifestation sociale. Ainsi, l’architecture d’un lieu, ou d’un espace urbain, aussi que les pratiques d’usages de cet espace constituent des manifestations sociales qui peuvent devenir un corpus d’analyse pour l’approche des «pratiques sémiotique». 

Elle vise à produire une analyse sémiotique du concept de limite dans l’espace architectural et de la manière dont elles est pratiquée à Qairouan.

Cette méthode est assurée par la collaboration du Centre de Sémiotique et Rhétorique (CESRH) / U.R: « Traverses ». U.Liège

2- La Linguistique interactionniste : elle est ancrée dans une démarche sémiotique, en sciences du langage, la méthode consiste notamment à observer et à décrire de manière systématique le déploiement des échanges et des discours des participants, à partir d’enregistrements audiovisuels des parcours réalisés dans la médina.

Cette méthode est assurée par la collaboration du laboratoire: Interactions, Corpus, Apprentissages, Représentations (ICAR) à Lyon, comme étant l’unique en France et en Europe équipé d’une unité spécialisée en linguistique de l’interaction.

    • Résultats et conclusions

Comment s’effectue votre travail ? Seule, en équipe, sur le terrain, avec des partenaires d’autres universités… ?

Le travail s'effectue en partie de manière individuelle (observations dés-engagées, questionnaires, etc.); et en partie en collaboration avec un photographe pour l’enregistrement audiovisuel des parcours réalisés à la Médina de Qairouan en Tunisie.

Voudriez-vous nous parler d’un projet en particulier que vous menez dans le cadre de votre doctorat ?

Il s’agit du projet d’appliquer les outils sémiotiques et linguistiques pour la compréhension et l’analyse de l’architecture.

Pouvez-vous évoquer ici les publications auxquelles vous avez contribué ?

Actuellement, j’ai deux articles en cours de reviewing, à savoir :

  • Artworks on the U.S.- Mexico Border. Architectural Response Redefining the Limit”. Call for paper : Université de la Grande Région-Center for Border Studies, UniGR-CBS. Cahier thématique Borders in Perspective.
  • «Limites et Frontières dans le Monde Arabo-musulman Médiéval de l’Asie Mineure à Qaïrawān : Dynamique des Ḥudūd, Ṯūġūr, cAwāṣim et Ribāṭ dans une anthropologie de la limite”. Soumission libre : Al-Sabîl : Revue d’Histoire, d’Archéologie et d’Architecture Maghrébines. Tunisie.

J'ai aussi participé à un appel à contributions, organisé par le Center for Language, Interaction, and Culture CLIC-GSA.UCLA, avec un poster intitulé : “The boundary-enclosure produces opposite speech in substrate. Case of two itineraries in the Medina of Qairouan in Tunisia'' . 

Le poster a été accepté, mais suite à la pandémie du Covid-19, la conférence “The 26th Annual Conference on Language, Interaction and Culture” a été annulée.

Quel est à votre avis le rôle de la recherche en architecture ? 

La recherche éclaire le champ de l’architecture sur les différents plans allant de l’enseignement à l’exercice professionnel.; son rôle est garant des avancées de la discipline, de son évolution et de sa critique.

Quels sont les grands architectes dont la carrière et le travail vous inspirent ? Pourquoi ? 

Robert Venturi, théoricien de l'ambiguïté architecturale par son ouvrage Complexity and Contradiction in Architecture publié en 1966, pose les questions de la perception et de l’esthétique en architecture. Sa pensée et ses réflexions sur l’architecture m’inspirent et m’influencent dans le sens réflexif et interprétatif.

Voudriez-vous partager autre chose ? 

La recherche projette d’autres pistes d’investigation sur l’élémentaire de l’architecture la “limite”, l’alternative de recherche postdoctorale est envisagée.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous ? Exercez-vous une autre activité professionnelle en parallèle à votre doctorat ?

Je suis architecte principal de la fonction publique à l’Agence Tunisienne de la Formation Professionnelle :ATFP, (réussite au concours de 2012). Depuis 2019, je suis formatrice d’apprentissage suite au succès au concours interne de changement de secteur à l’ATFP (congé sans solde pour Études de doctorat).

J’ai enseigné dans plusieurs instituts en Tunisie au passé depuis mes études au Master durant toute la période de 2006 à 2015.

Avez-vous des passions que vous avez envie de partager ? 

Je suis membre de plusieurs associations  en Tunisie (Rotary, Citoyens et architectes, Hippocampe : Art et citoyenneté…)

Je suis inscrite au RCAE, en plus je me suis embarquée dans la méditation et les pistes de la pleine conscience.

Poster réalisé dans le cadre de la Journée de la Recherche

HELALI Imen HIRESContact

Imen Helali

Publications

voir sur orbi

Liens utiles

Unité de recherche Traverses de la Faculté de Philosophie et Lettres

Liste des thèses défendues et en cours de la Faculté d'Architecture

Enau : école nationale d'architecture et d'urbanisme (Tunisie)

Share this page